La Libération de Rânes (Orne) en Août 1944  

Les réfugiés de 1940

    
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"Après l'invasion allemande de la Belgique et des Pays-Bas, beaucoup de civils partent sur les routes de l'exode en direction de l'Ouest et du Sud-Ouest de la France. Ainsi, les Rânais racontent cet événement comme un "flot de belles voitures, puis des voitures à chevaux et enfin des gens à pied ou à vélo". Ces réfugiés venaient des pays du Bénélux, des Ardennes, de Boulogne, puis de Paris. Ils se logeaient au château pour les plus riches, et le plus souvent dans les maisons des villageois ou même dans les granges. Ils ne restaient que la nuit pour repartir le lendemain matin plus loin encore. En effet, Rânes n'était qu'une étape de passage. Mais il y a quand même eu une famille de pêcheurs du nord de la France à s'installer à Rânes et à demeurer encore dans la région aujourd'hui."

Extrait de: Claire Forget, La vie quotidienne durant la deuxième guerre mondiale dans le village de Rânes, 1939-1945. Mémoire de DEUG (Histoire), Université de Caen, 1995. p. 3


Le périple des familles de marins depuis Étaples jusqu’à Rânes

La famille Groult vivait avant la guerre près d’Étaples, à côté du Touquet, dans le Pas-de-Calais. Le père était marin pêcheur et cette activité permettait de faire vivre modestement toute la famille avec ses trois petites filles : Marie, Hélène et Simone. M. Groult est mobilisé en janvier 1940 et il est fait prisonnier rapidement. Il est alors envoyé en captivité; comme ses compagnons d’infortune, il doit effectuer à pied le trajet vers son lieu de détention en Allemagne. En mai, beaucoup de soldats passaient dans la région d’Étaples; les gens disaient qu’il s’agissait de soldats hollandais, mais c’étaient plus probablement des soldats allemands. La situation devient vite intenable pour la famille privée de ressources dans une région en guerre. Ils décident donc de partir en catastrophe sur le bateau du grand-père. De nombreux marins des environs font de même. L’embarcation est ensuite remorquée par deux autres bateaux et la famille Groult débarque à Saint-Valéry-en-Caux. Le 21 mai 1940, de nombreuses familles de marins de la région d’Étaples sont regroupées à Port-en-Bessin dans le Calvados. Certains choisissent alors de partir vers le Canada, mais la famille Groult refuse de quitter la France de peur de perdre contact avec le père prisonnier. Tous ces réfugiés ainsi regroupés sont ensuite répartis et envoyés dans différentes destinations par les occupants allemands. C’est ainsi qu’ils arrivent par le train à la gare d’Écouché. Une quarantaine de personnes monte ensuite dans trois camions et débarque à Rânes le 14 août 1940. Ce sont tous des familles de marins d’Étaples dont la municipalité doit organiser dans l’urgence le logement. Ils sont restés dix jours dans la salle des fêtes de la route de Carrouges, où les femmes avaient obligation de faire la lessive pour les Allemands. Ils ont occupé ensuite des maisons libres réquisitionnées. M. Groult a été libéré en 1943 au titre de la "relève" et a rejoint sa famille à Rânes. Après la Libération, une famille sinistrée de Rânes a remplacé la famille Groult qui a été envoyée à Boucé dans un logement appartenant au docteur Lescroart. Après la guerre, la famille Groult qui avait tout perdu à Étaples est restée dans sa région d’adoption à Sérans près d’Écouché.

Témoignage de Marie Groult, 26 novembre 2006


Route de Fromentel - Ghislain Chombeau
Guilain Chombeau, réfugié du Nord, à Rânes depuis 1940
Les cousins Chombeau ont quitté Halluin dans le Nord en 1940 afin de fuir les restrictions alimentaires.
Photo prise à la sortie du bourg, route de Fromentel, après la Libération. La boucherie Chauvin dévastée par le bombardement du 14 août 1944 est en arrière plan.
Guilain Chombeau a travaillé successivement chez Georges Buffon à Joué-du-Plain, à la ferme Papin puis chez Jean Peccatte aux Beauchards.

Gaby + Guilain 
Guilain Chombeau et son cousin Gabriel Chombeau, après la Libération
Tous deux réfugiés du Nord, à Rânes depuis 1940
Gabriel a travaillé chez la comtesse de Fontenay à Boucé, puis chez Jean Peccatte aux Beauchards.
Photo prise par Denise Guillouard, coiffeuse à côté de l'église (le chien de Mme Guillouard est également sur la photo...)


les Chombeau et Houte
Les cousins Chombeau et Eugène Houte, également réfugié du Nord.
Eugène a travaillé chez la comtesse de Fontenay à Boucé.


Laisser-passer Dr PasquierLaisser-passer rédigé par le Dr Pasquier, chef des FFI d'Ecouché, autorisant Gabriel Chombeau, Ghislain Chombeau et Eugene Houte à regagner Halluin dans le Nord.
Le billet n'est pas daté (certainement 1945).

 
Jacques Poënçin
Jacques Poënçin habitait Paris et séjournait très souvent à Rânes pour fuir les restrictions alimentaires.
Il logeait chez Guillouard et travaillait chez Bouchard (photo prise en 1946).